Dans une chaise vide quelqu'un se repose


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DANS UNE CHAISE VIDE QUELQU'UN SE REPOSE.
Cette chaise possede une silhouette qui lui est propre.
Elle habite en elle. Quand quelqu'un s'y assoit
il la dérange. Mais ce quelqu'un demeure coi.
Il ne veut pas que l'on soupçonne sa présence,
que nul ne sache qu'il est là, dans cette chaise,
dans ce bar ou dans cette salle d'attente, regardant
passer la vie comme le silence ou comme un espion.
Dans quelques endroits on trouve ces chaises.
Quelqu'un les occupe. Il nous surveille depuis elles.
Mais nous ne pouvons pas les concevoir, pas plus que nous les percevons,
et nous ne pouvons informer qui que ce soit de leur prèsence. Cela les dètruirait.
La vie a besoin de ces sentinelles silencieuses,
ces prèsences oubliées, ces hommes et ces silhouettes
secrétes dans leurs chaises. La vie recele ceci
et bien d'autres mystères. Elle se peuple d'eux.

23 mars 2009

259

EN UNA SILLA VACÍA ALGUIEN REPOSA.
Esta silla tiene una silueta que le es propia.
En ella habita. Cuando alguien se sienta en ella
la lastima. Pero ese alguien no se queja.
No quiere que nadie sospeche su presencia,
que nadie sepa que est· allí, en esta silla,
en este bar o en esa sala de espera, viendo
pasar la vida como silencio o como espÌa.
En algunos sitios se encuentran estas sillas.
Alguien las ocupa. Desde ellas nos vigila.
Pero no podemos descubrirlos, si los percibimos,
ni a nadie avisar de su presencia. Se consumirían.
La vida necesita estos silenciosos centinelas,
estas presencias olvidadas, estos hombres y estas siluetas
secretos en sus sillas. La vida encierra este
y aun más misterios. Con ellos se puebla.

23 marzo 2009

Extrait de La poésie est un fond d'eau marine - Editions du Cygne - 2011
Voix et traduction: Jean Dif

Santiago Montobbio

Santiago Montobbio
Foto: Anna Xalabarder

Volvió a escribir

después de 20 años de silencio. Entonces Ernesto Sábato, Miguel Delibes, Juan Carlos Onetti y Camilo José Cela describieron su poesía como honda, misteriosa, envidiable.
Es Santiago Montobbio (Barcelona, 1966) de esa estirpe de poetas que cosechan el misterio en la cotidianeidad, que se transportan con ligereza a ese otro lado donde está la sombra alumbrada y vuelve sembrado de palabras tan sencillas como poderosas, tan sobrenaturales como humanas.
(María García Esperón)